Je te vois arriver en courant à la job à chaque matin avec ton sarrau tout croche à moitié boutonné pis un café froid entre les mains. Je le sais que tu t’es encore battu avec le p’tit qui voulait pas manger pis la plus vielle qui braillait pour pas laisser maman partir de la garderie-même-pas-subventionnée. T’as pas dormi de la nuit parce que tu tournais en rond dans ton lit à coté de ton chum qui ronflait à grand coup de tondeuse endormie.

Tu te replaces les 2-3 couettes de travers, toute souriante en riant pour te faire croire que tu savais que ça allait se passer de même ta vie d’adulte si on te l’avait pas dit. Tu pourrais te plaindre que tu perds le contrôle, ou que t’en as déjà ta claque de faire ta poule-pas-de-tête du lundi au vendredi. Tu pourrais faire comme nous autres, les chialeuses, pis arriver au travail en beau **bip** parce que t’es à boute de toute pis tu sais pas pourquoi. Tu pourrais être essoufflée par ton train-train quotidien entre ton proprio pas assez présent, les rendez-vous, le passe-partout pis tes histoires de couple qui font de la houle par boute. Mais tu gères ton chaos comme une pro. À la place de te sentir dépassée pis en vouloir à tout le monde pis à personne pis à la vie, tu prends une gorgée de ton café frette en te disant qu’au moins, à matin, tu l’as pas oublié sur le coin du comptoir quand t’es partie en courant avec un bambin en dessous de chaque bras en route pour ton marathon.

Quand tu me regardes, on dirait que tu te dis que c’était le fun être jeune, insouciante et sans responsabilité. Tu te rappelles ça en pensant que c’était mieux sortir pis de perdre la carte sans savoir où aller. L’échapper comme si y’avait pas de lendemain, pis de pas être capable d’avaler plus d’une soupe Lipton le dimanche matin. Mais, j’aimerais ça te dire que ces années-là tu les as eues, maintenant ce qui est beau, c’est où t’es rendue. 

Y’en a des plus difficiles que d’autres sans qu’on sache pourquoi, c’est toi qui me l’as dit plus d’une fois. Plus difficile pour moi, mais sûrement que c’est difficile aussi pour toi. En affrontes-tu, des-moins-le-fun, toi aussi parfois? Acceptes-tu vraiment tout ce qui vient avec cette même attitude de championne que tu me montres sans cesse à chaque matin? En arraches-tu des fois? S.t.p. dis-moi que plus tard je vais réussir à être comme toi. T’es solide. Solide pour gérer tes tracas à toi, pis en plus pour consoler mes trop-plein-d’émotions à moi quand y’a trop de vagues pis que j’ai pas ton expérience pour empêcher les débordements trop surprenants pour mon petit contenant. J’ai peut-être pas tes enfants, ni ton chum, j’ai pas ta vie non plus et j’arrive même pas à gérer mon unique personne. Je sais pas comment tu fais pour arriver à chaque matin au travail avec ta bonne humeur rassurante qui consolerait tout le monde. Mais je t’admire pis tu mérites de te le faire dire.

Reste fière jusqu’au bout
Merci pour tout.

Bisou

Source image de couverture : Pixabay

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